Plumes pointes palettes et partitions

 » En décembre, dans les forêts brumeuses, le houx seul s’est paré pour la renaissance du soleil à l’équinoxe le plus pâle. Ferme dans sa cotte plus verte et plus solide qui tranche sur la foule triste des arbres en haillons, riches de ses pendeloques vermeilles, il attend, roi mage des grands bois, se lever l’étoile de Noël …..  » Pierre LIEUTAGHI (Ethnobotaniste, écrivain français)

 » … l’amitié est pareille au houx. Sombre est le haut quand l’églantine est tout en fleurs. Mais lequel fleurit avec plus de constance ?  » Emily BRONTË (Romancière et poétesse anglaise)

 » Puisse ma libre vie être comme la lande où, sous l’ampleur du ciel ardent d’un soleil roux, les fourrés de kermès et les buissons de houx croissent en des senteurs de thym et de lavande.  » Louis-Xavier De RICARD (Poète français)

Les anglo-saxons l’appelle Common Holy. Il appartient à la famille des Aquifoliacées(genre Ilex, nom latin) – Un grand nombre d’espèces ( environ 300 ) poussent en Amérique latine, Amérique centrale, au Brésil et en Argentine. En Europe, celle la plus connue est Ilex Aquifolium, qui croît  dans les sous-bois  et que l’on utilise pour la création des haies ou tailllis dans les jardins  . Il  y a du reste une réglementation pour protéger le houx qui fait l’objet de cueillette abusive durant les fêtes de fin d’année. L’endroit où il est planté s’appelle une houssaie ou houssière.

En France autrefois, les francs l’appelaient hûliz . Ce mot donnera plus tard le verbe houspiller. On l’utilisait alors pour la fabrication des manches d’outils, des cannes ou des aiguillons et autres bâtons de sorciers, parce que son bois ne manque pas de solidité malgré sa souplesse.  Pour la petite histoire, sachez que la baguette de Harry Potter (tout comme la canne de Goethe) étaient en bois de houx. Quant à son écorce, elle servait pour confectionner de la glu.

Il faut savoir que le houx est dioïque : comprendre qu’il y des mâles et des femelles. A chacun sa caractéristique : les premiers ont des feuilles avec des bouts piquants, les secondes des feuilles plus arrondies et porteuses de baies rouges voire orangées, jaunes ou noires qui sont recherchées pour les décorations des centres de tables, bouquets ou couronnes à Noël.

Si les baies rouges ne peuvent être consommées parce que violemment purgatives, donc considérées comme empoisonnées, les feuilles, en revanche, furent utilisées en infusion pour ses vertus médicinales. Au Paraguay, elles donnent une boisson assez tonique le maté ou yerba maté qui viendrait d’un arbuste cousin du houx, le Ilex paraguarensis.

Comme beaucoup d’autres plantes, le houx est entouré de différentes histoires et légendes  : en ce qui concerne la religion catholique, il fut associé à celle de la Sainte Famille qui, semble t-il, se serait cachée derrière un buisson de houx pour échapper aux soldats lors de sa fuite en Égypte. A la suite de quoi, Marie fit une prière et un vœu : que ce buisson reste toujours vert. Par ailleurs, ses petites boules rouges représentent les gouttes de sang du Christ,un rappel de sa souffrance, d’où son nom : épine du Christ.

Dans l’Antiquité, le houx était fort prisé durant les fêtes saturnales romaines qui avaient lieu en janvier. On garnissait les maisons avec du houx  pour se rappeler Saturne qui, durant l’Âge d’Or, apportait la paix, la sérénité et l’égalité. C’est à partir de là que le houx fut utilisé durant les fêtes de fin d’année.Par ailleurs, on garnissait de houx les couronnes de mariage des jeunes filles  romaines  en signe de présage heureux.

En Scandinavie le houx est très apprécié  car selon la mythologie de ce pays, Thor ( dieu des dieux) s’en serait servi comme paratonnerre, entourant sa maison avec cette plante pour la protéger de la foudre.

Bien sur le houx a lui aussi son langage : il représente l’insensibilité. Il convient, en conséquence, de ne pas offrir un bouquet de houx seul à la personne que l’on aime, en dehors des fêtes de fin d’année.  En effet, s’il est  accompagné par du gui, il prend alors une autre signification : il devient protecteur de la maison et porte bonheur   ! On place alors le bouquet au dessus d’une armoire et on le renouvelle chaque Ier de l’an. 

                  

 » Coupez le gui! Coupez le houx!
Feuillage vert, feuillage roux;
Mariez leurs branches!
Perles rouges et perles blanches.
Coupez le gui! Coupez le houx!
C’est la Noël! Fleurissez-vous.
Chassez les grives et les merles,
Chassez la mésange au dos bleu
Du gui dont les fleurs sont des perles,
Du houx dont les fleurs sont du feu!
Courez à la forêt prochaine,
Courez à l’enclos des fermiers;
Coupez le gui sur le grand chêne,
Coupez le gui sur les pommiers!
Coupez le houx le long des haies
Qui bordent le chemin des bois ;
Coupez le houx sous les futaies
Où sont nos vieux temples gaulois ?
… Et coupez-les par tas, par piles !
Liez en gerbes leurs rameaux,
Et qu’on en pavoise les villes,
Qu’on en pavoise les hameaux !
Coupez le gui ! Coupez le houx !
Feuillage vert, feuillage roux,
Mariez leurs branches !
Perles rouges et perles blanches ;
Coupez le gui ! Coupez le houx !
C’est la Noël ! Fleurissez-vous !  » Charles FRÉMINE (Poète, écrivain et journaliste français)