» La capucine n’est pas ce que l’on croit. Cette petite fleur de nos jardins, en apparence sans histoire , cache un amour brûlant. Celle ou celui à qui on l’offre, en bouquet, reçoit la plus torride des déclarations d’amour. Paradoxalement, la fleur orange parle aussi d’indifférence. Ou peut-être la reproche-t-elle. En effet, elle dit à la fois : « je meurs d’amour pour vous« , et lorsqu’elle est jaune ou orange : « rien en charme de votre cœur« . Marron, elle se désole : « votre cœur reste fermé » Enfin, pourpre, elle jette : « vous ne pouvez plus aimer« .
Tout cela ne l’empêche pas d’être aussi considérée comme porte chance. Louis XIV accompagne ses souhaits de bonheur à Madame de Maintenon par cette nouvelle venue dans les serres de Versailles, qui arrivera bientôt dans les jardins de campagne. Au temps où le blé se fauche à la main, les femmes du village qui apportent leur déjeuner aux moissonneurs ajoutent aux plats des capucines fraîchement cueillies afin de porter chance aux moissons. Comment s’y retrouver dans tous ces messages ?
On peut imaginer que la personne qui offre des capucines, en proie à la passion, s’interroge sur les sentiments de l’aimé(e), si insaisissable que c’en est agaçant. D’où le « vous ne pouvez plus aimer« , l’un des messages les plus cruels du langage des fleurs. Pas d’affolement, il ne s’agit que des paroles d’un soupirant dépité, rien de vraiment sérieux. On peut continuer à danser la capucine, même s’il n’y a plus de pain chez nous. » Nicole PARROT (Écrivain française – Extrait de son livre Le Langage des fleurs)






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