La Comédie française a été créée en 1680 sur ordonnance du roi Soleil Louis XIV. On l’appelle aussi la Maison de Molière alors que ce dernier ne l’a jamais connue compte tenu du fait qu’il est mort sept ans avant qu’elle ne voit le jour. Toutefois, c’est bien l’esprit et l’âme de notre célèbre comédien et dramaturge français qui habitent ce lieu et perpétuent son œuvre depuis des siècles. Pour toutes et tous, en ce lieu il reste le patron.

On la surnomme aussi la Ruche en raison des nombreuses personnes qui travaillent sur place , soit 70 métiers (décorateurs, costumiers, techniciens, etc…)

La plus connue des trois salles de la Comédie française, est la Salle Richelieu près du Palais Royal, non loin d’ailleurs du domicile où Molière s’est éteint en 1673. Les autres salles sont : le Théâtre du Vieux Colombier, et le Studio Théâtre.

La troupe comporte de nombreux artistes, les pensionnaires, les sociétaires, les sociétaires honoraires et les doyens. Elle affiche à peu près 900 représentations par saison, et le répertoire compte 3144 pièces, dont entre autres, , bien sur, les classiques de Molière, mais aussi Racine, Marivaux, Shakespeare, Goldoni ou Hugo, sans oublier des œuvres contemporaines françaises et étrangères.

L’École des Arts joailliers, fondée en 2012 grâce au soutien de la Maison Van Cleef & Arpels, propose, dans l’Hôtel particulier de Mercy Argenteau (où elle s’est installée depuis peu) jusqu’au Ier septembre 2024, une étincelante, passionnante, intéressante et inédite exposition, en partenariat avec la Comédie française qui s’intitule : BIJOUX DE SCÉNE de la Comédie française. Soit environ 120 pièces, accessoires, costumes (prêts du Centre national du costume et de la scène de Moulins) tableaux, photographies.

Robe portée par Julia Bartet en 1888 pour le rôle de Yvonne de Chambreuil dans la pièce  » Pepa  » de Henri Meilhac – Elle fut confectionnée par la Maison Doucet (Centre national du costume et de la scène/Moulins)

La plupart de ces bijoux sont factices, décoratifs, mais ils n’en sont pas moins magnifiques, élégants, délicats, raffinés. Même s’ils ne sont pas en or ou argent et que les pierres ne sont pas  » précieuses « , il a toujours été important qu’ils donnent l’impression d’être vrais. Ils sont indispensables à la scène pour l’esthétique, la mise en valeur de celui ou celle qui les porte, pour les costumes aussi . Cela ajoute un certain faste à l’ensemble.

Ce sont des bijoux portés par des comédiennes et comédiens d’une autre époque, très célèbres. Ils font partie du fonds d’accessoires de l’institution. Ils sont de deux sortes : ceux que le théâtre prête et ceux qui appartenaient aux artistes qui acceptaient de faire un prêt au théâtre, puis de leur en faire cadeau. Dans ce dernier cas, cela permettait aux acteurs d’afficher leur condition sociale. Plus ils étaient imposants et coûteux, plus on pouvait penser qu’ils avaient une vie assez aisée. Parfois ces bijoux ne correspondaient pas vraiment au personnage qu’ils (ou elles) devaient interpréter, mais qu’importe ils tenaient à ce qu’ils viennent orner leur costume.

On peut dire que les bijoux de scène ont une grande importance comme je l’ai dit. Ils se situent même au cœur de l’intrigue. Que serait, en effet, un roi ou une reine sans couronne, diadème, ou collier, pectoraux, bracelets par exemple, sans oublier les armes ornées de fabuleuses décorations ?

De tout temps, il a fallu faire appel à des métiers d’art pour les réaliser, des artisans-bijoutiers spécialisés, très méticuleux et soucieux du moindre détail, qui travaillaient pour quasiment tous les théâtres de la capitale. Leur savoir-faire était très recherché et même si les bijoux étaient factices, ils avaient un prix, et pas des moindres !

L’expo revient justement sur les techniques employées par ces artisans qui trouvaient leur inspiration dans ceux de la joaillerie.

Bijoux historiques, émouvants aussi parce que l’on peut remarquer que certains ont les marques du temps, à savoir l’empreinte de quelques petites réparations à force d’avoir été utilisés. On peut dire que ces pièces racontent une histoire. A noter que l’École des Arts joailliers a financé la restauration de certains d’entre eux pour l’exposition.

Les matières employées sont : cuivre doré, tôle argentée, verre au plomb sur paillons, fausses perles de nacre , perles de verre, cristal, laiton, tissus (velours soie) , céramique, camée coquille, oxyde de zirconium etc…. Ce sont des matières moins coûteuses que celles utilisées par la joaillerie, mais qui offrent un résultat d’une grande véracité.

Couronne de la reine portée par Sarah Bernhardt dans Ruy Blas de Victor Hugo ( Collections de la Comédie française) – Sarah Bernhardt fut, à son époque, ce que l’on appelle  » un monstre sacré  » – Elle est entrée en 1862 à la Comédie française , puis renvoyée quelques mois plus tard. Elle a tant de succès, après ce renvoi, que l’institution la rappelle. Elle y jouera les plus grands rôles du répertoire.

La couronne est un bijou qui a été repris assez souvent, au XIXe siècle, dans les représentations théâtrales. Par contre on n’en trouve nulle trace au XVIIIe siècle. La commissaire de l’expo Agathe Sanjuan donne une explication à savoir qu’il ne fallait pas froisser le roi, premier mécène de la Comédie française. Au XVIIe elle était réservée aux rôles historiques comme Cléopâtre par exemple.

Couronne » Mademoiselle de Raucourt  » pour son rôle dans  » Rodogune  » de Pierre Corneille en 1871 (Collections de la Comédie française)
Couronne de laurier de Talma pour le rôle de Néron dans  » Britannicus  » de Jean Racine. (Collections de la Comédie française ) – Elle fut offerte au grand acteur dramatique français de la Comédie française, François-Joseph Talma par Napoléon, en 1814 qui lui dira en la lui offrant :  » Talma nous faisons l’histoire  » – Talma, ancien dentiste, va devenir par son grand talent d’acteur  » la star  » de l’époque dans ce théâtre. Il y est entré en 1787 et en ressortira en 1791.
Talma dans le rôle de Néron (Britannicus) ( Collections de la Comédie française)
 » Diadème de Rachel aux perles et camées pour le rôle de  » Phèdre  » de Jean Racine (Collections de la Comédie française ) – Élisabeth Rachel Félix a commencé l’art dramatique à l’âge de 15 ans, et deviendra une grande actrice. Elle entre à la Comédie française en 1838 , en deviendra sociétaire en 1842. Elle mourra jeune à l’âge de 36 ans. Pour son rôle dans Phèdre, elle disposera de trois diadèmes (dont celui ci-dessus)
Rachel dans le rôle de Phèdre – Illustration Henri de la Blanchère (Collections de la Comédie franaaise)
Peigne aux perles montées sur cannetille datant du XIXe siècle / anonyme / (Collections de la Comédie française)
Diadème porté par Martine Chevalier et Véronique Vella dans le rôle d’ » Esther » de Jean Racine (Collections de la Comédie française)
Diadème de scène de Julia Bartet pour Bérénice de Jean Racine en 1899 – Fabriqué par Jean Lalique (Collections de la Comédie française)
Broche en or, émeraudes, émail de Sarah Bernhardt fabriquée par René Lalique (Collections de la Comédie française) Broche en or, émeraudes et émail, réalisée et offerte par René Lalique en hommage à Sarah Bernhardt, «la gloire de l’art français, 1896». (©Benjamin Chelly/L’Ecole des arts joailliers/Coll. Comédie-Française)

2 réponses à « Bijoux de scène de la Comédie française … »

  1. Bonjour Lisa,
    j’aime ces diademes, ils me rappellent les kokochniki, la coiffe traditionelle russe.

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    1. Avatar de Lisa Pascaretti
      Lisa Pascaretti

      Bonjour Olivia et merci ! Je suis ravie que vous ayez aimé et que cela ait pu vous amener à des souvenirs de votre pays !

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