» Je dégage des blocs, le cœur même des pierres
et dans mon bras le corps, j’anime leur matière.
Je dégrossis la taille et fais perler mes doigts
à donner des frissons aux marbres les plus froids.
Je fouille les recoins et soutire à la masse
une force qui monte et crève à la surface.
C’est comme cette houle où se lèvent les flots
lorsque la vague ondule et s’essaie au gros dos.
La pointe de mon art est ce sein qu’il façonne
et le buste est sitôt hissé sur ma colonne.
J’aime trop la plastique à essuyer les plâtres
et je sculpte l’ivoire et la terre et l’albâtre.
Je sais donner la ligne en épousant la forme
et rendre l’harmonie en respectant la norme.
Je fais naître la vie et le frémissement
à faire fondre un bronze et couler l’or, l’argent.
Je crée le mouvement, les ombres, la lumière
en rythmant bien les plans aux angles qu’ils génèrent;
Je donne du volume en mettant du relief
pour marier à la courbe un galbe derechef.
La pointe de mon art est ce sein qu’il façonne
et le buste est sitôt hissé sur ma colonne.
J’aime trop la plastique à essuyer les plâtres
et je sculpte l’ivoire et la terre et l’albâtre.
Je peux rester de bois en modelant les moules
mais l’argile pétrie, la salive me coule.
Au bout de mes ciseaux, je grave des pensées
et d’autres attributs cachés sous les drapés.
Je résouds des tensions pour offrir l’équilibre
en fixant le désir qui dans chaque grain vibre.
Je soulève la pâte et sais creuser les reins
ou gonfler même un torse aux coups de mon burin.
La pointe de mon art est ce sein qu’il façonne
et le buste est sitôt hissé sur ma colonne.
J’aime trop la plastique à essuyer les plâtres
et je sculpte l’ivoire et la terre et l’albâtre. » Louis VIBAUVER (Poète français)







Répondre à Lisa Pascaretti Annuler la réponse.