Plumes pointes palettes et partitions

 » Cette version bronze fut exécutée plusieurs années après le décès de Degas, copie exacte du modèle original en cire qui , lui, fut créé vers 1881, la seule de ses 150 sculptures qu’il accepta de montrer en public.

La petite danseuse de quatorze ans témoigne d’une préoccupation presque scientifique de la part de l’artiste. Pour rendre la figure encore plus  » vraie « , il la dota d’un tutu, de collants et de chaussons véritables, y ajouta des cheveux humains accrochés au moyen d’un ruban et la colora de teintes naturalistes.

La sculpture du Musée d’Orsay ( Paris ) a conservé la plupart de ses éléments montrant une surface recouverte d’enduits colorés et le corps habillés d’un costume en tulle. Le nœud rose orne ses cheveux attachés.

La volonté de se rapproché, autant que possible, d’une représentation totalement réaliste, a évidemment écarté toute idéalisation du modèle. Cette jeune fille au corps immature et au visage assez ingrats et déjà  » vieux  » est présente telle qu’elle était.

Degas va jusqu’à l’insérer dans un écrin de verre, comme s’il s’agissait d’un spécimen de musée anthropologique. La critique dénoncera violemment ce vérisme absolu dans lequel elle ne pouvait reconnaitre une œuvre d’art.  » Margherita d’AYALA VELVA (Historienne de l’art , critique d’art italienne )

P.S. : Je souhaitais rajouter que Marie Van Goethem, née en 1865, est la jeune danseuse de la sculpture.

Sa mère faisait poser ses trois filles dans différents ateliers d’artistes afin de subvenir aux besoins de la famille car leur père était décédé . Charlotte et Marie étaient élèves à l’École de danse Opéra de Paris. Antoinette, l’aînée, se prostituait et fera un séjour en prison.

Compte tenu de ses fréquentations dans des endroits qui n’étaient pas recommandables pour une jeune fille de son âge, Marie sera renvoyée, un jour, de l’Opéra. Ce qui fut dommage car elle avait des capacités dans ce domaine. Elle était entrée dans le corps de ballet en 1880.

Charlotte, la cadette , fera carrière dans la danse . Elle gravira tous les échelons : quadrille en 1883, coryphée en 1887 , sujet en 1889 et terminera comme professeur à l’École de danse de l’Opéra. La danseuse française Yvette Chauviré fut l’une de ses élèves.

Degas a sculpté sa Petite danseuse en position dite de pause à savoir pieds ouverts en 4e position, mains dans le dos. L’ idée de la sculpter en cire était inhabituelle pour l’époque , mais ce fut le choix de Degas qui, d’ailleurs, en a réalisé plusieurs. Celle-ci, en cire teintée, ne recevra pas un bon accueil en 1881 durant l’expo impressionniste. En fait, c’était mitigé : d’un côté il y avait celles et ceux, critiques, qui se disaient extrêmement choqués par cette sculpture qu’ils trouvaient très laide, voire même repoussante, et de l’autre celles et ceux qui considéraient qu’elle était une véritable révélation pour l’art.

En 1997, le Musée d’Orsay a demandé à Martine Kahane, bibliothécaire et conservatrice générale du centre culturel de l’Opéra, de travailler étroitement avec l’atelier de couture de cette institution , pour réparer le tutu , fait de gaze et toile, qui était abimé .