« Les baigneuses » marquent un tournant plus conservateur dans la carrière de Renoir qui reflète une perte de confiance dans sa technique et son approche de la peinture, ainsi qu’un désenchantement vis-à-vis des sujets urbains modernes qui constituaient jusqu’alors la base de son œuvre. Durant l’automne 1881, il visite l’Italie afin d’étudier l’œuvre de Raphaël. Dans ses lettres, il fait part de la grande admiration qu’il éprouve devant les fresques de ce dernier à la villa Farnèse de Rome, confirmant ainsi son désir de donner une nouvelle direction à son œuvre.
Renoir pose un regard nostalgique sur le passé et les valeurs artistiques et sociales de naguère et considère le contexte contemporain comme une période de décadence et de perte de la qualité artistique véritable. Dès lors, il va puiser son inspiration chez les artistes des XVIIe et XVIIIe siècles comme l’indique le sous-titre des Grandes baigneuses : essai de peinture décorative, allusion explicite à la tradition décorative de la peinture rococo du XVIIIe siècle.
S’il reste attaché aux sources rococo, Renoir remonte encore plus loin dans la chronologie artistique en évoquant dans ses grands nus du tournant du siècle, la palette et le trait épais des maîtres vénitiens du XVe et XVIIe siècle tels que Le Titien, Le Tintoret et Véronèse. Les proportions monumentales de ses baigneuses rappellent aussi les courbes généreuses des nus des peintres flamands comme Rubens considéré à son époque comme l’un des maîtres du genre. Durant les vingt dernières années de sa vie, Renoir a peint un grand nombre de baigneuses avec des formes voluptueuses. » Jon KEAR (Professeur d’histoire et de théorie de l’art à Londres – Écrivain de nombreux ouvrages sur la peinture)








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