Plumes pointes palettes et partitions

«  Je suis un éclectique. Éclectique c’est quelqu’un d’insatisfait. Il fait un truc, il n’est pas très content donc il va faire autre chose. Donc je passe du roman à la chanson, de la chanson au cinéma, du cinéma au journalisme, à la publicité, à la radio. L’éclectique c’est quelqu’un qui fait quelque chose qui se dit «  ce n’est pas ce que je voudrais donc je vais faire autre chose » . L’éclectique c’est un curieux, un passionné, un insatisfait. Il va d’un média à l’autre pour atteindre la fameuse étoile qu’il n’atteint jamais.

Je ne suis pas plus narcissique qu’un autre. C’est quelque chose que l’on m’a reproché le narcissisme. Mais si le narcissisme consiste à dire «  je «  lorsque l’on écrit, à utiliser la première personne, eh bien les trois quart des romans sont narcissiques. C’est simplement une méthode. Si être narcissique consiste à se servir de sa propre vie, de son propre passé, pour écrire des livres, alors oui je suis narcissique. Je ne suis pas le seul. Si, enfin, être narcissique consiste à être préoccupé par son image, par son égo, je considère qu’il y a bien longtemps que je me suis débarrassé de ces soucis là. J’ai ma «  bonne dose «  de narcissisme utile pour un écrivain, pour un créatif. Je ne dis pas créateur, utile pour un artiste avec un petit «  a « 

Écrire n’est pas toujours une partie de plaisir, mais ce n’est pas une douleur non plus. C’est plutôt un défi. Vous vous trouvez seul face aux pages blanches, face à la nécessité de créer, sans l’aide d’une équipe, sans autre regard que le vôtre. Un journaliste-écrivain, ou un écrivain-journaliste, est doté d’un goût et d’un sens de l’observation du monde et des autres, donc il exerce sa curiosité en permanence. Mais il ne se dit pas, à chaque fois qu’il rencontre quelqu’un, qu’il va en faire un portrait. Les gens ne sont pas tous intéressants, ne retiennent pas votre attention de la même manière. En revanche, je sais qu’il y a en moi des réserves d’accumulations, d’observations, d’informations, qui me serviront à un moment ou à un autre. Pour l’écriture ou pour autre chose !

Toute ma vie j’ai eu le souci de marier journalisme et littérature en pensant que les deux ne sont pas incompatibles, surtout dans l’exercice du portrait. On peut y apporter l’expérience du journaliste qui consiste à observer, noter, pour ensuite décrire, voir pour ensuite faire voir. J’y ai ajouter un semblant de style, de sensibilité personnelle, d’interprétation de ces personnages vivants. » Philippe LABRO (Journaliste, écrivain, scénariste, parolier, présentateur audiovisuel, homme de médias français)