» Le soleil, maitre de la vie, verse ses rayons les plus doux :
Il dit à la terre engourdie : c’est le printemps, réveillez-vous !
J’ai déchiré le voile humide qui glaçait votre sein avide
De subir mes regards de feu ; qu’attendez-vous, plantes frileuses ?
Levez vos têtes paresseuses, regardez-moi dans le ciel bleu.
Fils d’Adam, la terre est parée, éveillez-vous à votre tour,
L’Eden est de peu de durée, vous aussi le saurez un jour !
Alors en vain le soleil donne au printemps sa blanche couronne,
A l’été sa riche splendeur, s’il ne reste plus dans votre âme
L’essor, le rayon et la flamme, la foi, la grâce et la fraîcheur.
Venez, l’aubépine est fleurie, cueillez-en le premier rameau ;
Courez léger sur la prairie, comme l’hirondelle sur l’eau, insecte, oiseau, brise odorante,
Tout vit, brille, bourdonne ou chante, vous caresse et vous fait sa cour ;
Le bouton d’or vers vous se penche et les yeux bleus de la pervenche vous regardent avec amour.
De ces fleurs à peine amassées, quoi ! vous allez vous dessaisir !
Vos mains sont-elles donc lassées? Déjà changez-vous de désir?
Du papillon l’aile azurée serait bientôt décolorée, il périrait entre vos doigts ;
Pendant que, libre en son caprice, visite chaque calice,
Écoutez cette douce voix « Viens ici, les fleurs sont plus belles,
Les oiseaux plus brillants encor semblent en secouant leurs ailes
Semer l’azur, la pourpre et l’or. Suis-moi jusque sur la colline,
Et, sous le bois qui la domine, nous trouverons d’autres sentiers ;
En les suivant dans notre course, peut-être verrons-nous la source
Du ruisseau qui coule à nos pieds ». Et, joyeux, vous allez les suivre,
Et, quand vous serez de retour, vous aurez le sens de ce livre
Dont chaque feuille marque un jour. Du moins, malgré la voix si douce,
Sur l’herbe fraîche et sur la mousse, un moment cherchez un abri ;
Enfant, plus vous marcherez vite, plus tôt vous verrez la limite,
Où finit le sentier fleuri. » Louis JANMOT 1884/1892 ( Peintre et poète français)







Répondre à olivia2010kroth Annuler la réponse.