» Raeburn était le portraitiste écossais le plus en vue de son époque, et, contrairement à de nombreux compatriotes, il choisit de rester dans ses terres natales plutôt que de rejoindre l’Angleterre. Or, au même moment, naissait le mouvement des Lumières écossais. Raeburn occupa ainsi une position privilégiée qui lui permit d’observer l’essor de la vie intellectuelle et culturelle de son pays.

Basé à Édimbourg, loin des rivalités qu’il aurait rencontrées à Londres, il développa un style assuré et très personnel. On perçoit aussitôt son originalité devant Le Patineur (ou le Révérend Robert Walker patinant sur le lac de Duddingston), le plus célèbre de ses tableaux, qui représentait le pasteur Robert Walker, attaché à l’Église de Canongate à Edimbourg, puis aumônier de la Compagnie royale des Archers. Auteur prolifique et passionné d’activités sportives, Walker appartenait au Club de patinage d’Edimbourg depuis 1780. Dans le tableau de Raeburn , il est représenté les bras croisés sur la poitrine, ce qu’un traité de l’époque déclinait comme  » la position appropriée pour glisser de façon distinguée  » .

Le portrait démontre l’amour du peintre pour les effets de lumière ingénieux : le visage du révérend est montré de profil, son corps n’est quasiment qu’une silhouette qui se détache contre le ciel pâle, menaçant et le paysage flou. Ces formes massives créent un contraste marqué avec divers détails comme les rubans des patins et le fin réseau des traces de lame sur la glace, dont la délicatesse reflète la formation d’orfèvre qu’avait reçue Raeburn. » Iain ZACZEK (Historien d’art, écossais, spécialisé dans les livres sur l’art, le folklore et les sujets historiques)

 » Le patineur  » Sir Henry RAEBURN (National Gallery of Scotland / Edimbourg)

2 réponses à « Le patineur … »

  1. Bonjour à tous,

    Beaucoup d’humour aussi. C’est assez rare dans la peinture pour le souligner. Le pasteur glisse majestueusement sur ce pauvre monde avec le risque évident de commettre un impair et de se retrouver dans une posture difficile. Une allégorie évidente de son existence, et plus largement de l’existence humaine. Sa vie ne tient qu’à un fil qui s’aperçoit derrière ses patins. Entre ciel et terre, entre Dieu et les hommes, il avance majestueusement. L’humanité progresse en mêlant inextricablement, grandeur et ridicule.

    Cdt.

    M.C

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    1. Bonjour Sébastien
      En fait, il semblerait que le Révérend Robert Walker ait accepté de faire ce portrait car il trouvait que les hommes d’église de son époque étaient bien trop austères. En conséquence, il a voulu donner une autre image, celle d’une certaine liberté ( avec des lacets roses aux patins )dans une Écosse un peu trop morose. C’est un tableau découvert très tard, qui a fait polémique car on avait attribué sa paternité à un peintre français Henri Pierre Danloux. Un grand nombre de personnes éminentes du monde de l’art ont crié au scandale, défendant bec et ongles Raeburn. De ce fait, plus personne n’a osé toucher à ce tableau-icône du pays, ou modifier quoi que ce soit pour la signature, pas même les études scientifiques faites sur le tableau et qui émettaient des doutes à ce sujet.
      Merci d’avoir donné votre ressenti
      Cordialement,
      Lisa

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