
Le Flamenco est un art en Espagne, un véritable phénomène culturel là-bas, en Andalousie surtout, et, comparativement aux autres styles de danses, il est très dynamique, rythmique, impétueux. C’est quelque chose que l’on va chercher au plus profond de soi et par lequel on se doit d’exprimer des sentiments forts, le bonheur, la mélancolie, l’insouciance et le drame.
Ce n’est pas seulement une danse seule, mais un ensemble composé de chant, de guitare, de battements des mains, de technique des pieds, le tout avec une voix meneuse qui entraine tout. Il est fortement associé à la tradition tzigane. Entre 1860 et 1910, le chant, la musique et la danse flamenco sont sortis de l’intimité gitane pour atteindre le public dans les cafés de Cante ( le premier a été créé à Séville en 1842) où ils furent mélangés à des chants et airs folkloriques issus des familles fandangos andalouses : c’est ce qui a donné le flamenco que l’on connait aujourd’hui.
Dans le dansé, on utilise des castagnettes, on tape du pied avec le talon (Zapateado – piétinement) – Les femmes utilisent un châle, un éventail, une robe à volants très colorée et elles s’expriment beaucoup avec les mains. Que ce soit les hommes ou les femmes, ils ont tous l’improvisation innée ancrée en eux. Ce doit être, en tous les cas, toujours très profond, intense, théâtral, expression de joie, de plaisir à l’état pur, et de douleur.
Le Flamenco est une danse très expressive qui reste élégante malgré tout. Elle nécessite un tempérament de feu, de la passion, qui peut amener, parfois, à se retrouver complètement en transe.
Il y a eu de très grandes danseuses et danseurs de flamenco : Joaquin Cortes, Cristina Hoyos, Antonio Gadel, Belen Maya, Mercedes Ruiz etc… et bien sur celle qui reste une grande référence dans les cœurs espagnols : Carmen Amaya qui a pratiqué cette danse dès l’âge de 6 ans avec son père le guitariste flamenco réputé surnommé El Chino.
Amaya faisait partie d’une tribu gitane : les Chavori-Baraje. Elle est née en 1913 et décèdera en 1963. Elle fut le type même de l’anti-académisme avec, toutefois, en elle, une certaine perfection rythmique qui l’a rendue inoubliable dans ce type de danse. Non seulement elle dansait flamenco mais chantait également. Elle fut très appréciée en France, aux Etats-Unis où elle se produisit beaucoup , notamment à Broadway. Elle a, de plus, tourné divers films à Hollywood.
Carmen Flamenco – Version Rafael AGUILAR
»l’incarnation de la femme diabolique défiant tous les préceptes sociaux pour laquelle seuls ses désirs ont force de loi. » R.A.
L’histoire de ce ballet a commencé en 1960 à Paris. C’est là que Rafael Aguilar et son épouse Manuela ont fondé leur compagnie Le ballet du théâtre espagnol avec, au départ, sept danseurs et danseuses parmi lesquelles Carmen Salinas qui occupera la place de directrice de compagnie après la mort du chorégraphe.
Aguilar fut réputé pour avoir su créer un pont réputé pour faire se rejoindre les bases de la technique du classique pur avec celles du flamenco. Avec son épouse, ils ont tenu justement à ce que les élèves reçoivent les deux enseignements de façon très poussée.
Son grand succès chorégraphique reste dans nul doute possible Carmen Flamenco, un ballet chargé d’érotisme, mélange audacieux de classique et flamenco, avec un petit soupçon de boléro, sur la musique de Bizet, mais pas uniquement celle de son célèbre opéra. Il a étalement utilisé une pièce pour violon et orchestre signée Pablo de Sarasate en 1883, ainsi que des airs du flamenco traditionnel. Sa source d’inspiration fut , bien entendu, la Nouvelle de Prospère Mérimée.
Aguilar n’a pas fait d’énormes concessions au romantisme de Bizet. Il a nettement préféré mettre l’accent sur les aspects obscurs des évènements en employant, pour ce faire, une symbolique très forte et le langage très ardent du flamenco pour ce qu’il avait envie de faire passer. Il a beaucoup insisté sur le côté obscur de l’existence, le thème de la vie, l’amour et la mort.
Le ballet, il est vrai, a pu surprendre parfois. Il est assez bouleversant par certains côtés, torride et puissant. Il sera créé la première fois à Tokyo en 1992 et programmé, par la suite, sur de nombreuses scène du monde entier.
CARMEN STORY de Antonio GADES :
Carmen Story est un ballet d’Antonio Gades. Il a été dansé plus de 2000 fois du vivant de son chorégraphe et sera adapté à l’écran par Carlos Saura un passionné de flamenco.
C’est un véritable plongeon dans le cœur même de la culture espagnole, de ses racines profondes, de son tempérament fougueux, riche, coloré, et, bien entendu, c’est un plongeon dans le flamenco. La Nouvelle de Prospère Mérimée est le fil conducteur de ce ballet créé en 1983. On peut affirmer que c’est l’une des versions chorégraphiques qui en est la plus proche.
Sa Carmen ressemble à un petit animal sauvage qu’il faut dompter, dont la danse est sculptée de façon intense. Ce n’est pas un ballet où l’on peut trouver du sentimentalisme, du mélodrame de bas étage ! Non : c’est vraiment le flamenco à l’état pur, passionné, rageur. Certains ont affirmé qu’il était un peu vulgaire. Peut-être est-ce le cas, mais il y a quand même une certaine forme de grâce dans la danse. Le tout associé à la musique de Bizet, avec quelques rajouts de chant, de guitare flamenco, et la lecture d’un texte du poète et dramaturge espagnol Federico Garcia Lorca sur une musique de José Manuel Ortega Heredia.
Le soir de la première, ce ballet a été une véritable explosion révolutionnaire avec sa grande liberté, sa passion pleine d’orgueil, sa force théâtrale menée par la danse, et ses jeux d’ombre et lumière. Il y a surtout tout l’amour du chorégraphe pour le flamenco qu’il a toujours considéré comme un don reçu en héritage du peuple andalou et qu’il a voulu associer à l’expression du ballet européen et l’élégance de son geste.
Gades a lui-même été un grand danseur de flamenco dans la compagnie de Pilar Lopez à l’âge de 16 ans. Il a été l’auteur de grandes chorégraphies qui ont toujours été auréolées de succès que ce soit : Suite Flamenco en 1968, Noces de sang en 1974, Carmen en 1983 , Fuego en 1999 ou Fuente Vejuna en 1994, des pièces qui sont désormais, selon ses souhaits, entre les mains de sa Fondation et Compagnie : La Fondation GADES.







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