» Pendant vingt jours par mois, les camélias étaient blancs et pendant cinq ils étaient rouges. On a jamais su la raison de cette variété de couleurs que je signale sans pouvoir l’expliquer, et que les habitués des théâtres où elle allait le plus fréquemment et ses amis avaient remarqué comme moi. On n’avait jamais vu à Marguerite d’autres fleurs que des camélias. Aussi chez Madame Barjon, sa fleuriste, avait-on fini par la surnommer la Dame aux camélias, et ce surnom lui était resté. » Alexandre DUMAS Fils ( Romancier et dramaturge français – Extrait du roman  » La Dame aux camélias )

Marie Duplessis (de son vrai nom Alphonsine Plessis) , grande courtisane, a été immortalisée dans le roman d’Alexandre Dumas Fils La Dame aux camélias. Cette histoire va toucher Giuseppe Verdi qui en fera un opéra : La Traviata.

Difficile pourtant de dire avec certitude si elle aimait vraiment les camélias parce que certaines versions affirment qu’elle adorait les violettes et les roses et que le camélia fut une invention de Dumas. D’autres, au contraire, confirment qu’elle les appréciait et que n’ayant pas beaucoup d’odeur, ils ne dérangeaient pas sa phtisie.

 » Marie Duplessis – La dame aux camélias  » – Un tableau de l’artiste peintre et illustratrice américaine d’origine japonaise Kinuko Y CRAFT

Il faut savoir que cette fleur(notamment le camélia Nobilissima) était une boutonnière fort prisée par les dames de l’Empire, encouragées en cela par Joséphine de Beauharnais qui non seulement les collectionnait, dans les jardins de son château de Malmaison, mais lança la mode. Même les messieurs en mettaient à leurs chapeaux. C’était, dans un cas comme dans l’autre, un signe de réussite sociale. .

Le nom a été donné en 1753 par le naturaliste Carl Von Linné. Il souhaitait ainsi rendre hommage au père jésuite George Joseph Kamel qui avait ramené des graines du Japon en France au XVIIe siècle. A l’origine le nom camélia portait deux ll et pas d’accent sur le e. Lorsque Dumas fit publier son roman, un l fut supprimé, et un accent rajouté . Depuis c’est ainsi que l’on écrit ce nom.

Le camélia vient de Chine (Cha : arbre à thé (camellia synensis) ) et du Japon (tsubaki – Le camellia Japonica dit rose du Japon est le plus classique et l’emblème des samouraïs)- Dans ces deux pays on le cultive depuis le XVIe siècle. Il est le symbole de l’immortalité.

Le camélia ressemble un peu à la rose ou à la pivoine. On pourrait croire qu’il est fragile, mais il ne l’est pas. Certaines espèces rustiques comme le camélia Sasanqua fleurit de l’automne jusqu’au printemps et embellit nos jardins et nos balcons, prenant ainsi la suite de la rose qui a nous a donné des fleurs du printemps à la fin de l’été.

Au Japon le bois du camélia, très robuste, est utilisé pour faire des outils. Transformé en charbon il est une source de chaleur fort appréciée. Par ailleurs, la poudre des graines des fleurs séchées sert à faire une huile de beauté destinée aux cheveux, ou une crème fortifiante pour les ongles. Cette huile peut servir également en cuisine et dans la fabrication de certains médicaments.

Dans le langage des fleurs, la signification dépend de la couleur : blanc il évoque le dépit, le dédain, l’insensibilité. Le rouge est un signe d’admiration pour la personne à qui vous l’offrez. Le rose est l’amour partagé. Pris dans sa généralité, il symbolise l’honneur, la fierté, la beauté, la perfection, le désir.

Camélia rouge –  » Immobile papillon rouge entre deux feuilles qui ne bougent, il est sous les vitres là bas le premier camélia rouge …  » Sabine SICAUD (Poétesse française)

Le camélia a été la fleur fétiche de Gabrielle Chanel dès 1913. Elle a beaucoup varié ses versions pour expliquer cet attrait : soit elle l’aimait depuis le jour où elle en avait reçu un bouquet de la part de Arthur Capel dit Boy, son grand amour, soit il lui rappelait sa vie passée avec sa mère tuberculeuse qui lui faisait souvent penser à Marie Duplessis .

Gabrielle CHANDEL dite Coco, en 1913 sur la plage d’Étretat , portant un camélia à la ceinture de sa marinière

Dix ans plus tard, elle accrochait des camélias sur les vêtements de ses collections, décliné en différentes matières : soie, cuir, plume, organdi, mohair etc…blanc de préférence car il ressortait bien sur le noir. C’est la Maison Lemarié qui les fabriquait pour elle, et c’est toujours cette dernière qui travaille et livre ( environ 20.000 camélias par an) pour la marque Chanel de nos jours : en tweed, en plume, en fourrure, en organdi, en satin. Même les boutons de ses tailleurs étaient gravés d’un camélia.

Plus tard, elle en fera des bijoux : bague, broches, boucles d’oreilles, clips, colliers etc…Le camélia sera même très présent dans son appartement ou dans la Maison Chanel, rue Cambon : suspendu aux lustres, en tableaux, en bouquets ou en objets de cristal posés sur les tables.

«  Chaque fleur dit un mot du livre de nature:
La rose est à l’amour et fête la beauté,
La violette exhale une âme aimable et pure,
Et le lis resplendit de sa simplicité.

Mais le camélia, monstre de la culture,
Rose sans ambroisie et lis sans majesté,
Semble s’épanouir, aux saisons de froidure,
Pour les ennuis coquets de la virginité.

Cependant, au rebord des loges de théâtre,
J’aime à voir, évasant leurs pétales d’albâtre,
Couronne de pudeur, de blancs camélias

Parmi les cheveux noirs des belles jeunes femmes
Qui savent inspirer un amour pur aux âmes,
Comme les marbres grecs du sculpteur Phidias.
 » Honoré de BALZAC ( Écrivain, critique d’art, dramaturge, essayiste, journaliste, français, poète – Sonnet extrait de son roman Les illusions perdues)

Nature morte camélia de Johan Laurentz JENSEN

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