
» A Saint-Cloud, dans l’antichambre de Monsieur, Nocret peignit un tableau où, sous un dessins allégorique, il y a une assemblée des dieux où est représentée la famille royale au nombre de dix-huit figures, chacune grandeur nature … » Guillet de SAINT-GEORGES en 1670.
Cet été 2024, après deux ans de restauration concernant le nettoyage de la couche de peinture, le décrassage du vernis, le support en toile et le remplacement du châssis de bois, cette toile magnifique, dite La famille royale dans l’Olympe » surnommée également L’Assemblée des Dieux, qui fait partie des collections du Musée national des châteaux de Versailles et Trianon, a retrouvé sa place dans les boiseries de l’antichambre du Salon de l’ Œil-de-Bœuf. Cette restauration a été possible grâce au mécénat de la Société des Amis de Versailles avec le soutien de la Fondation du patrimoine.
Ce Salon est une des pièces emblématiques de Versailles. Elle se situe tout à côté de la chambre de Louis XIV, non loin de la Galerie des Glaces et des petits cabinets de la reine. Pour sa création à l’époque , le roi fera abattre une cloison entre son ancienne chambre et l’antichambre des Bassans (du nom de qui avait été chargé des décors à savoir Jacopo Bassano) . C’est là que certains membres privilégiés de la Cour étaient conviés, selon un cérémonial bien précis, au grand lever et grand coucher du roi. La pièce avait un œil-de-bœuf à savoir une lucarne haut placée qui apportait plus de lumière, d’où son nom.
Ce tableau fascinant, et précieux historiquement parlant , permet d’une part de retrouver la famille royale au grand complet (certains des membres étaient encore vivants, d’autres décédés au moment de sa réalisation ) . Il avait été commandé par le frère de Louis XIV, Philippe d’Orléans, dit Monsieur , pour son château de Saint-Cloud. Il a des dimensions assez imposantes. On peut y voir notamment Louis XIV sous les traits d’Apollon avec une couronne de laurier sur la tête , son épouse la reine Marie-Thérèse en Junon et leur fils le Grand Dauphin en Amour, Philippe se trouve à gauche, il porte l’Étoile du point du jour .
D’autre part, elle donne la possibilité de mettre en lumière Jean Nocret, grand peintre français malheureusement méconnu et oublié, maître du portrait, et du grand décor, à la Cour du Roi Soleil. Il est entré au service de Philippe d’Orléans dès 1652 et deviendra son peintre attitré .
Un tableau , très poétique, harmonieux, heureux, considéré comme son chef-d’œuvre, lui demandera cinq ans, de1665 à 1670. On lui a permis (chose assez rare et refusée à d’autres) l’utilisation du lapis-lazuli, un pigment très rare à l’époque, et dont il se servira pour le ciel et la couleur de certains costumes.
Le tableau sera conservé à Saint-Cloud jusqu’à ce que les descendants de Philippe d’Orléans, vendent le château à Louis XVI qui souhaitait en faire cadeau à Marie-Antoinette . Il sera, ensuite, saisi et transféré dans les réserves du château de Versailles durant la Révolution, échappera (par miracle) à un incendie durant la guerre franco-prussienne, puis sera placé dans l’antichambre de l’Œil-de-Bœuf en 1818.





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