Voilà une fort belle et intéressante exposition proposée par le Musée Granet d’Aix-en-Provence ! Une occasion assez exceptionnelle d’aller à la rencontre d’un peintre baroque provençal, malheureusement peu connu du grand public (voire même oublié ) et c’est dommage car il est vraiment très talentueux et il mérite que l’on s’intéresse à lui.

Il fut redécouvert en 1978 lors d’une expo sur la peinture provençale du XVIIIe siècle qui eut lieu à Marseille.

 » Autoportrait  » 1636 Jean DARET ( Ce tableau ne fait pas partie de l’expo – Il se trouve au Musée de l’Ermitage/Saint Pétersbourg)

Bon nombre de ses tableaux sont exposés dans des musées français et étrangers , mais on peut également en trouver certains (tout comme ses décorations) dans des hôtels particuliers, collégiales, ainsi que des églises et autres édifices religieux de la région : église de la Madeleine, église du Saint-Esprit, cathédrale Saint-Sauveur, à Aix-en-Provence, mais d’autres à Pertuis, Saint-Chamas, Cavaillon, Saint-Paul de Vence, Salon, Lambesc, ou le château de Marignane demeure du Seigneur de Covet.

Il faut dire que Aix était ( et l’est encore de nos jours) , à l’époque, un grand centre culturel. De nombreux artistes du nord, notamment un grand nombre de peintres flamands, se posaient là avant de se rendre en Italie. Les confréries étaient peu exigeantes et très accueillantes envers les artistes.

De plus , la ville détenait un beau réseau de commanditaires que ce soit dans le domaine privé comme religieux. Elle était donc une étape privilégiée pour les peintres qui se rendaient en Italie.

Elle s’intitule Jean DARET – Peintre du roi en Provence (jusqu’au 29.9.24) au travers d’une centaine d’œuvres (huiles, dessins, gravures) présentées en huit sections chronologiques – Des tableaux peints par lui, mais aussi par d’autres grands maitres, qui lui sont contemporains, comme Nicolas Mignard – Reynaud Levieux – Jacques Blanchard – Gilles Garcin.

Daret fut dessinateur (pierre noire, sanguine, lavis) , graveur (eau-forte) , décorateur, un peintre talentueux aux influences nordiques, italiennes et françaises, un grand portraitiste, très attaché à de nombreux détails réalistes. C’est d’ailleurs en tant que tel qu’il fut reçu à l’Académie royale de peinture et sculpture en 1663.

Étude d’une figure plafonnante sanguineJean DARET- (Musée du Grand Siècle/Donation Pierre Rosenberg / Département des Hauts de Seine)

Un maitre du trompe-l’œil , du clair-obscur, et de la perspective, du décor également. Il a aimé la beauté, la simplicité, les sujets religieux, mythologiques, les scènes de genre, les nus féminins, avec un style élégant, sobre, harmonieux, et des coloris éclatants.

Jean Daret a eu de très nombreux mécènes qui ont cru en son travail . Le plus important reste le roi Soleil, Louis XIV. Ce dernier s’est vivement intéressé à lui, en 1660, après avoir apprécié découvert son travail pictural. En effet, lors de l’un de ses déplacements en Provence, le roi fut subjugué par les décorations de sa résidence dans cette région , à savoir l’hôtel de Chateaurenard. Il demanda qu’on lui présente le jeune artiste qui en était l’auteur. Il le complimenta vivement, et le nommera Peintre du roi.

Escalier  » en trompe-l’œil  » (Jean DARET) à Chateaurenard

Daret est né en 1614 à Bruxelles (Belgique). Après avoir débuté en peinture dans l’atelier du peintre Antoine Von Opstal dans sa ville natale, il effectuera un premier voyage à Paris, puis il s’installera définitivement à Aix-en-Provence en 1636 où il sera vite repéré par le clergé et la noblesse locale, pour ses beaux tableaux expressifs auréolés de douceur.

Trois ans plus tard, il épouse une jeune fille de la région, Madeleine Cabassol qui lui donnera six enfants dont deux garçons ( Jean-Baptiste et Michel) qui seront peintres eux-aussi et travailleront avec lui dans son atelier.

Daret s’est rendu par deux fois à Paris. S’il l’a fait c’est avant toute chose pour sa carrière. Entrer à l’Académie royale de peinture et sculpture fut un moment important car avoir un poste dans cette institution permettait d’être au plus près des chantiers royaux notamment dans les châteaux. Il y sera admis en 1663.

Une fois le travail accompli ( qui prenait 3/4 ans parfois) il n’avait qu’une hâte c’était de retourner dans cette ville du sud où il était si heureux. Ce seraient, semble t-il, des difficultés financières importantes qui seront à l’origine du second voyage qu’il fera dans la capitale en 1659.

A Aix il a peint des œuvres magnifiques dont certaines sont encore visibles, comme je l’ai dit, dans de nombreux édifices religieux de la région. Il s’y plait beaucoup et si il se rend dans la capitale quelquefois, c’est uniquement pour sa carrière et parce que l’on fait appel à lui pour son travail, comme ce fut le cas pour le château de Vincennes où il a participé à la décoration .

Il meurt à Aix-en-Provence en 1668. Son corps sera enterré en l’église Saint-Sauveur et son cœur fut placé en l’église des Augustins réformés de Saint-Pierre.

 » Le joueur de guitare  » 1636 – Jean DARET (Musée Granet/Aix-en-Provence)
 » L’ange gardien  » 1647 Jean DARET (Église St Pierre à Simiane-Collongue)
 » La cène  » 1668 Jean DARET (Cathédrale Saint Sauveur / Aix-en-Provence)
 » Le bienheureux Salvador de Horta guérissant les malades  » Jean DARET 1637 (Eglise Sainte-Marie-Madeleine/Aix-en-Provence)
 » Lamentation  » 1636 Jean DARET (Musée des Beaux-Arts /Marseille)
 » Assomption  » 1647 – Jean DARET ( Église de la Nativité / Pignans)

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