« J’aime les étangs et j’habite
Partout où l’eau se creuse un lit.
Ma fleur d’un bleu pâle s’agite
Au moindre vent, au moindre bruit.
Ma coupe d’or est si petite
Qu’une larme d’oiseau l’emplit. » – Myosotis est un poème de Alphonse de LAMARTINE (Poète français – Extrait de son recueil Poésies)

Le myosotis fait partie de la famille des boriginacées. Il comprend environ une cinquantaine, voire même une centaine d’espèces à travers le monde. Les petits poils, que l’on trouve au niveau des feuilles, lui ont valu le surnom de oreille de souris. Ce n’est pas totalement faux lorsque l’on sait que son nom vient du grec myos (souris) et ozos (oreille). Ce n’est pas le seul surnom qu’on lui attribue, il y a également herbe d’amour , ou bien encore scorpione.
De façon générale et courante, on le connait bleu avec un cœur jaune et une fleur à cinq pétales (myosotis sylvatica et myosotis alpestris qui, comme son nom l’indique pousse dans les Alpes). Toutefois, certaines variétés sont roses (myosotis silvanica rosyla) ou blanche (myosotia ice pearl).
Il pousse, prolifique et sauvage, dans les bois, les clairières, non loin d’un point d’eau. Mais il décore aussi, merveilleusement bien, les jardinières ou massifs dans les jardins, offrant une palette de belles couleurs avec les tulipes, primevères, jonquilles, et pâquerettes qui lui tiennent compagnie. Il est originaire d’Europe, mais on peut en trouver en Australie et en Afrique.
Comme beaucoup de fleurs, le myosotis a sa légende. Celle, très romantique, nous vient d’Allemagne. Elle raconte l’histoire d’une promenade faite par deux amoureux à l’époque médiévale, au bord du Danube. Pour faire plaisir à sa belle, le jeune homme se pencha pour cueillir un bouquet de myosotis. Malheureusement, il glissa, tomba dans l’eau et fut emporté par le courant. Avant de disparaitre, il envoya son bouquet à la jeune fille sur la rive, en lui criant ne m’oublie pas ! .C’est une phrase qui en fera la fleur du souvenir, de la fidélité, celle que l’on glisse dans une lettre à l’être aimé, ou dans un livre souvenir.

D’autres affirment que la légende viendrait du dieu de la mythologie grecques Zeus. Il aurait attribué un nom à chaque fleur mais pas à elle. Mécontente, elle lui aurait lancé alors un ne m’oublie pas qui lui aurait permis de rectifier son erreur.
Le myosotis est une petite fleur délicate et engagée, pourrait-on dire, puisque en 1948 elle est devenue l’emblème maçonnique de la Grande Loge en Allemagne afin de perpétuer le souvenir des francs-maçons qui furent torturés par les nazis durant la seconde guerre mondiale.
Par ailleurs, elle est aussi l’emblème de la Société Alzheimer au Canada, et fut choisie pour la journée mondiale des enfants disparus aux Etats-Unis qui se tient en mai. Cette dernière initiative fut également reprise en Belgique. Des paquets de graines de myosotis sont alors distribuées.
Dans le langage des fleurs, si l’on offre un bouquet de myosotis à quelqu’un, on lui exprime un amour éternel, fidèle, profond, loyal et sincère.
C’est une fleur souvent représentée en peinture et qui a inspiré les poètes.
« Plus je vous vois, plus je soupire »
Dit une fleur qui sait parler…
Et je t’offre, avec mon sourire,
Des yeux qui t’ont toujours aimé.
« N’oubliez jamais votre amour »
Dit encore la fleur qui s’alarme…
Et je te donne, avec mes larmes,
Des yeux qui t’aimeront toujours ! » Rosemonde GÉRARD (Poétesse française – Myosotis est extrait de son recueil L’arc-en-ciel)

» Les myosotis aux fleurs bleues
Me disent : Ne m’oubliez pas !
Les libellules de leurs queues
M’égratignent dans leurs ébats ; » Théophile GAUTIER (Poète, romancier, critique d’art français / Vers extraits de son poème La Source – recueil Émaux et Camées)

« Il est plus d’une fleur par le soleil dorée,
Qu’on voit s’épanouir dans nos bois radieux,
Et qui de pourpre d’or ardemment colorée,
De son étrange éclat éblouirait les yeux.
Mais il est sur le bord d’une source ignorée,
Une fleur que Dieu fit avec l’azur des cieux:
Modeste et sans éclat, du poète adorée,
Elle rit dans la mousse avec ses beaux yeux bleus.
C’est l’espoir des absents, c’est elle qui remue
Les plus doux sentiments au fond de l’âme émue,
Aux jours qui ne sont plus elle fait revenir.
Je veux errer encore à l’ombre des grands chênes,
Je veux cueillir pour vous, au cristal des fontaines,
Le bleu myosotis, la fleur du souvenir. » José-Maria DE HEREDIA (Poète français)

» De la terre et du ciel je suis métis ;
J’ai le bleu de l’un, de l’autre la sève :
L’amoureux paré de mon azur, rêve ;
Je suis myosotis…
On m’appelle ailleurs, aux lointains pays,
« Ne m’oubliez pas » et nul ne m’oublie.
Hans le rêveur, ni Gretchen la jolie :
Je suis myosotis…
Mon pétale est court, mes pistils petits
Je n’ai nul parfum ; et toute ma gloire,
C’est d’être un reflet bleu d’une victoire…
Je suis myosotis.
Les amours profonds aux longs appétits ;
L’amour au front gai, l’amour au front blême,
M’ont choisi tous trois pour unique emblème :
Je suis myosotis.
Je suis le témoin des plaisirs flétris,
Je suis le témoin du bonheur qui reste,
Je suis la fleur simple, ignorée, agreste…
Je suis myosotis. » Nina DE CALLIAS (Salonnière et poétesse française)






Laisser un commentaire